Depuis ses débuts en 2021, Xdinary Heroes s’est nourri de l’ambition de créer sa propre niche musicale dans un genre encore en pleine redéfinition sur la scène coréenne. Avec leur sixième mini-album Beautiful Mind, le groupe passe à un niveau supérieur, explorant des sonorités qui s’aventurent progressivement hors frontières habituelles du K-rock.
Un mois après sa sortie et sa présence dans les charts, que penser de la tornade Beautiful Mind? Est-il fait pour durer ? A-t-il déjà mal vieilli ? À quel point réussit-il à marquer les esprits ?

Identité artistique et influences
Contrairement aux comparaisons fréquentes avec Queen ou MUSE, Beautiful Mind s’impose davantage comme une œuvre aux accents de rock progressif typiquement garage britannique, à mi-chemin entre les rues de Londres et celles de Manchester ou Liverpool .. sans le scouse !
Ce qui distingue particulièrement cet album, c’est sa capacité à mêler des influences variées : du rock alternatif à tendance emo, rappelant l’intensité vocale de Gerard Way (My Chemical Romance), à des touches de punk industriel, d’electropunk et de metalcore. Ce mélange, que l’on pourrait qualifier d’« acide » résolument, à mon sens, dans la lignée de Mindless Self Indulgence, illustre parfaitement l’identité sonore du groupe. Et, ô combien j’aime MSI. Pour XH, cela signifie des riffs de guitare puissants, des synthétiseurs et des basses s’entrelaçant et qui créent une expérience sonore de plus en plus différente des autres groupes de leur catégorie.

Comme l’explique Jun Han dans ma récente interview avec le groupe : « Nous prenons le temps de discuter en profondeur pendant la composition pour éviter de trop pencher dans une seule direction. » Cela se ressent dans l’album, où chaque morceau, bien que s’essayant à de multiples nouveaux horizons, se force à s’intégrer dans un ensemble plus équilibré. Ont-ils toutefois réussi leur pari ?

Un album expérimental
Idéal pour ouvrir l’album, “FIGHT ME” est un morceau énergique qui pose immédiatement le ton avec ses riffs incisifs et dont le style ne rappelle en réalité ni le rock UK ni même américain, mais australien, à la Windwaker. Il incarne la détermination et l’esprit combatif qui traversent tout l’EP. « Take you down, it’s win or die. » Pour Jungsu, cette chanson n’est autre qu’un appel à la résistance, sans jamais reculer. »
Pièce maîtresse de l’album, “Beautiful Life” s’impose par son approche théâtrale et son dynamisme. Avec des basses puissantes et une construction narrative inspirée, il évoque des tonalités de rock progressif londonien. Les références à 1984 de George Orwell dans les paroles et les visuels renforcent son impact, offrant une réflexion sur la résistance et la rébellion. Selon Jun Han, l’idée est de briser les stéréotypes autour de la ‘beauté de la vie’ imposés par le monde afin d’oser créer sa propre version. Cette volonté transparaît dans les paroles marquantes du refrain : « No way to run away, you’re lost in nights that never end. » Par moments, le morceau est quasiment proche de la noise music dans son approche déstructurée (voire parfois trop) de la bande-son. Les membres compensent toutefois par leur capacité vocale à assouplir les transitions.
Pour sa part, “More than i like” explore la vulnérabilité émotionnelle, exprimant un profond désir de connexion et d’espoir face au désespoir. Il trouve de l’écho dans “Supernatural”, également plus introspectif et qui se distingue par ses tonalités mélancoliques et ses harmonies vocales plus délicates : « Let me see you, let me hear you », encore et toujours à la quête de connexion et brisant la solitude. En d’autres termes, ces deux titres offrent une pause émotionnelle dans l’album.

“Diamond” est un hymne à la résilience, touchant à des sonorités proches de l’alt-metal, avec des arrangements instrumentaux intenses et des lignes vocales qui captivent dès les premières secondes. Probablement ma préférée de l’EP. La métaphore du diamant est ici symbole de force et de transformation, résonnant grâce à des paroles comme : « You didn’t know that I’m a diamond / I got proof in my eyes. » Pour Gaon, si l’Homme se trouve parfois sous le joug de la pression, il a tout autant l’occasion de découvrir la force qui sommeille en lui.

Quant à “George the Lobster”, il mélange rock alternatif, punk industriel et funk, tout en intégrant des éléments de rap. Inspiré par le processus douloureux mais nécessaire de transformation des homards, ce morceau illustre le côté expérimental du groupe, en combinant divers sous-genres en même temps. Say hello to my co-favorite ..
L’EP se termine sur “BBB (Bitter But Better)”, une déclaration d’individualité, d’authenticité et d’acceptation de soi. « You got the real thing, bitter but better » clôt l’album sur l’affirmation et le besoin d’être soi-même. Nous l’avons compris, même si cela doit se faire dans la douleur, car au bout du tunnel, il y a la récompense d’être en harmonie avec soi-même.

Production et Cohérence à la recherche d’un équilibre
Avec Beautiful Mind, Xdinary Heroes démontre une attention particulière à la production sonore, visant à équilibrer expérimentation et accessibilité. L’album se distingue par un mélange de genres, mais sans jamais perdre de vue la cohésion artistique. Est-elle toutefois présente ? Comme nous l’avons vu, un titre comme “George the Lobster” laisse perplexe sur le sujet. À l’échelle de l’album, toutefois, Xdinary Heroes a entièrement réussi son pari.
« Nous avons cherché des sons qui correspondent à notre direction musicale. Les tonalités des synthés jouent un rôle clé dans la définition de notre couleur sonore. » (Gaon)
Ces éléments électroniques, combinés aux riffs de guitare et aux basses plus metalcore, créent une signature sonore à la fois brute et plus élaborée qui définit la musique du groupe tout au long de l’EP.

Cependant, cette tendance à sortir des sentiers battus reste modérée. Xdinary Heroes, encore jeune, semble explorer ses limites tout en conservant une accessibilité qui permet à un public large d’apprécier leur musique.

Cette recherche d’équilibre entre technicité et universalité reflète leur volonté de s’imposer non seulement comme un groupe de niche, mais aussi comme une voix majeure dans le paysage musical de manière générale. Et, qu’on se le dise, que l’on soit féru de pop, de hip hop, de punk, d’électro ou de metal, la plus grande réussite de cet album est d’être avant tout un petit délice à écouter.
Collaboration presse officielle
Merci à la JYP, H., A., G. pour l’album en avant-première
